Changer son équitation : le processus de deuil et de renouveau

Équitation Sophrologique - Par Romain Basmaison, le 18 octobre 2025

En cette rentrée, j’ai envie de vous parler d’un sujet sensible mais universel pour les cavaliers et enseignants d’équitation : le processus de deuil en équitation. Mais quésaco ?

Changer d’équitation, ce n’est pas seulement modifier une technique ou une discipline : c’est changer de philosophie de vie. Et vice versa. Ce changement peut bouleverser nos repères, notre identité et même notre ego. Pourtant, il ouvre la voie à une pratique plus juste, plus consciente, plus alignée avec nos valeurs… et avec les chevaux.

Quand l’équitation devient une identité

Il fut un temps où j’étais cavalier professionnel de saut d’obstacles.
Le sport, la performance, la compétition : c’était mon monde. Cela me faisait rêver, mais c’était aussi une manière de me prouver que j’étais « capable ». Mon ego s’était saisi de mon rôle de compétiteur — il était devenu une part de mon identité, la béquille de mon estime.

Or, comme je l’ai partagé dans mon podcast, ce lien entre ce que je fais, ce que j’ai et ce que je suis est souvent confondu.

« Si j’ai un type de chevaux, un type d’écurie, un type d’enseignant, c’est de l’ordre de l’avoir. Si je pratique une discipline, c’est du faire. Mais ce que je suis profondément, mes valeurs, ma sensibilité, ma curiosité, ça, c’est de l’ordre de l’être. Et l’être, lui, reste. »

Reconnaître cette distinction, c’est déjà amorcer le deuil de l’ancien « moi cavalier » — celui qui performe, qui prouve, qui se mesure aux autres — pour laisser émerger un cavalier plus conscient, plus relié.

Le processus de deuil équestre

Changer d’équitation, c’est parfois vivre un deuil :

  • D’une identité (celle du compétiteur, du technicien, du “sans-faute”)

  • D’habitudes et de sensations familières

  • D’une image sociale, souvent valorisée

  • D’un rapport au cheval fondé sur le contrôle ou le résultat

Mais, comme dans tout deuil, cette fin ouvre un espace de renaissance : on désapprend pour réapprendre, on choisit ce qui nous nourrit vraiment, on retrouve du sens, de la joie, et du lien.

« Ce n’est pas gâcher que de changer. C’est valoriser tout ce qu’on a vécu. Parce que rien n’est perdu : tout ce que vous avez appris, ressenti, réfléchi… devient une ressource pour le renouveau. »

Les 3 étapes de la réorientation équestre

  1. Le deuil - Dire adieu à une pratique, un rôle ou une identité. Accepter que ce qui nous définissait hier appartienne désormais au passé. C’est une étape de désorientation, parfois douloureuse, mais nécessaire.

  2. La reconstruction - Explorer, tester, apprendre. Revenir aux bases, parfois avec l’humilité d’un débutant — non pas parce qu’on régresse, mais parce qu’on consolide les fondations d’une nouvelle maison intérieure.

    « Comme un musicien ou un danseur, on refait ses gammes. Ce n’est pas un retour en arrière, c’est une montée en conscience. »

  3. La croissance - Intégrer le meilleur du passé et du présent. Affirmer ses valeurs, son style, sa pédagogie, sa vision du cheval. C’est le passage du monde du ou au monde du et : « Ce n’est pas votre ancienne équitation ou la nouvelle. C’est votre ancienne équitation et la nouvelle. L’une nourrit l’autre. »

Valoriser le passé sans s’y enfermer

L’une des clés, c’est de transformer sans renier.
Dans le podcast, tu proposes la méthode KISSKeep, Improve, Stop, Start – un outil concret pour revisiter son parcours :

  • Keep : ce que je garde

  • Improve : ce que je développe

  • Stop : ce que j’arrête

  • Start : ce que je commence de nouveau

« J’ai gardé la technique, la rigueur du sport. J’ai arrêté la recherche de performance à tout prix. Et j’ai commencé à explorer la conscience corporelle, émotionnelle et mentale dans la relation au cheval. »

Cette méthode permet de faire la paix avec son parcours et d’en extraire la substance vivante pour la suite.

Une nouvelle équitation, plus alignée

Aujourd’hui, de plus en plus de cavaliers vivent cette transition : passer d’une consommation de sensations à une recherche de sens, de la domination à la coopération, de la performance au partenariat.

Mais ce virage éthique apporte aussi un paradoxe : ce sont souvent les cavaliers les plus sensibles, les plus conscients, qui doutent… jusqu’à envisager d’arrêter complètement. Et pourtant, ce sont eux dont le monde du cheval a besoin.

« Si toutes les personnes qui réfléchissent et respectent le cheval arrêtent, il va rester qui ? »

Grandir dans son équitation, grandir en soi

Changer d’équitation, c’est une évolution personnelle autant que technique.
C’est oser revisiter ses repères, son ego, son rapport à la réussite.
C’est oser passer de la maîtrise à la relation, du faire au être.

Et au fond, ce n’est pas une rupture, mais une métamorphose : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » disait Lavoisier

Et si vous alliez plus loin ?

Ces quatre principes sont une porte d’entrée vers une pratique équestre plus consciente, respectueuse et performante. Mais ils ne sont qu’un début.

Pour approfondir et transformer votre relation au cheval, plusieurs chemins s’offrent à vous :