Les 4 principes de la respiration en équitation
Le souffle comme langage relationnel et technique entre le cavalier et le cheval
Équitation Sophrologique - Par Romain Basmaison, le 05 octobre 2025
En équitation, on parle souvent de technique, de posture ou de relation. Mais il existe un outil universel, gratuit, toujours disponible, et pourtant encore trop négligé : la respiration.
Respirer n’est pas seulement un acte vital. C’est un langage qui influence directement notre cheval, sa sécurité, son équilibre émotionnel et son mouvement. Dans le troupeau, les chevaux s’écoutent entre eux grâce à leur souffle. En tant que cavaliers, nous avons donc tout intérêt à apprendre à utiliser notre respiration comme un outil conscient de communication.
C’est l’un des piliers de l’Équitation Sophrologique, méthode que j’ai créée pour allier technique académique et sophrologie, et que j’enseigne aujourd’hui aux cavaliers et enseignants.
Voici un aperçu de ce que j'appelle les 4 grands principes de la respiration en équitation. Voici comment ils peuvent transformer votre pratique.
1. Principe de régularité : offrir un tempo rassurant
Un cheval qui s’inquiète modifie ses allures, accélère, change de rythme. Dans ces moments-là, le réflexe humain est souvent de se crisper… et d’oublier de respirer.
Or, un souffle ample et régulier agit comme un signal de sécurité : “Tout va bien, je suis calme, tu peux l’être aussi.” Le cheval se synchronise sur notre rythme respiratoire, et retrouve ainsi la régularité dans son allure.
Une allure ample et régulière du cheval passe, à la base, par une respiration ample et régulière du cavalier. Ensuite, le liant et coordination des aides gagneront en justesse, les indications seront limpides pour le cheval et votre équitation harmonieuse, fluide.
Entraînez-vous à maintenir une respiration ample et régulière (à pied comme à cheval), surtout dans les situations insécurisantes : vous découvrirez que votre souffle est outil pour inviter votre cheval dans le tempo souhaité.
2. Le relâchement : générer souplesse et sécurité
La respiration agit directement sur notre système nerveux :
L’inspiration active le système nerveux sympathique, celui de l’action et du mouvement.
L’expiration active le système parasympathique, celui du relâchement et du retour au calme.
C’est un outil incroyable, car c’est la seule fonction automatique de notre corps sur laquelle nous pouvons agir directement.
En pratique, cela veut dire :
Inspirez pour dynamiser vos actions (par exemple une transition montante).
Expirez longuement pour générer du calme, de la souplesse musculaire, de la mobilité articulaire et donc… un ralentissement.
C’est d’ailleurs un principe fondamental en cohérence cardiaque : des expirations plus longues apaisent le stress. À cheval, ce simple mécanisme peut éviter d’avoir recours à la main de façon excessive et renforcer la confiance.
La respiration devient donc un outil favorisant la sécurité. Plutôt que de tirer sur les rênes quand le cheval s’emballe, allongez votre expire : vous envoyez un message clair, puissant et non contraignant à votre cheval, et vous favorisez votre fonctionnement corporel à cheval (ce qui maximise vos chances de rester en selle si jamais votre cheval fait des mouvements imprévus).
3. La connexion : épouser le mouvement du cheval
J’aime utiliser la métaphore des poupées russes : le cavalier doit être comme une grande poupée russe qui entoure la petite, sans l’écraser. Votre respiration régulière et profonde rend vos tissus plus souples, votre corps plus mobile et disponible.
Résultat : vous pouvez épouser les contours du cheval sans pression inutile.
Vous retrouvez la neutralité, cette posture de non-action d’où naissent toutes les actions justes.
Lorsque le cheval se traverse, se tend ou sort de sa ligne, la première clé n’est pas de rajouter une action mécanique, mais de revenir à la respiration en laissant les zone tendues de délasser à l’expire, pour lâcher les tensions inutiles qui altèrent le mouvement du cheval, et ainsi rétablir la connexion en valorisant la force du mouvement du cheval sans l’altérer. Sur ces bonnes bases, vous pourrez ensuite, à force de précision technique et d’usage parcimonieux des aides, espérer améliorer le mouvement de votre cheval sous la selle, sur le plat ou à l’obstacle.
4. La justesse d’action : du chef d’orchestre à la baguette invisible
Comme nous venons de le voir, un cavalier crispé altère la locomotion du cheval car il envoie trop de signaux contradictoires : une main qui bloque, une jambe qui pousse, une assiette qui résiste… Le cheval, noyé sous ce brouhaha, ne sait plus quoi répondre.
La respiration permet de clarifier et d’affiner vos demandes :
Inspire = montée en énergie, transition montante.
Expire = apaisement, transition descendante.
Respiration ample et régulière : meilleure connexion par plus de neutralité musculaire et de disponibilité articulaire.
Avec de l’entraînement, certains cavaliers parviennent à obtenir un passage du galop au trot, et du galop au pas, uniquement par une expire consciente (qui s’accompagne d’un relâchement musculaire limpide pour le cheval : stop). C’est là toute la puissance de la justesse d’action : moins d’effort, plus de précision, et un cheval qui répond dans la confiance. On peut aussi combiner une expire pour induire un ralentissement, une remise en équilibre, tout en utilisant un placement précis du bas de jambe pour rassembler l’allure, et/ou se déplacer latéralement.
Comme dans tout acte technique en équitation, avec la respiration, on a jamais fini de gagner en précision et, en même temps, des automatismes finissent par se mettre en place pour nous permettre d’aller vers des actions plus complexes.
La respiration devient alors votre baguette de chef d’orchestre : elle donne le tempo, nuance l’intensité, et permet de créer une véritable musique du mouvement avec votre cheval.
Pourquoi ça marche avec tous les chevaux ?
Parce que c’est un langage naturel. Le souffle est universel, il traverse tous les êtres vivants. Dans mes stages comme dans mon parcours de cavalier professionnel, j’ai vu des centaines de chevaux – jeunes, sensibles, froids, de sport ou de loisir – réagir positivement à ce travail respiratoire.
Les cavaliers sont souvent stupéfaits : “C’est fou, ça fonctionne !” disent-ils. Mais ce n’est pas de la magie : c’est de la physiologie et de la conscience appliquées à l’équitation.
Et si vous alliez plus loin ?
Ces quatre principes sont une porte d’entrée vers une pratique équestre plus consciente, respectueuse et performante. Mais ils ne sont qu’un début.
Pour approfondir et transformer votre relation au cheval, plusieurs chemins s’offrent à vous :
📖 Mon livre “Équitation consciente” (Éditions Vigot) : une référence pour comprendre et intégrer cette approche dans votre quotidien.
🌐 Le programme en ligne Équitation Sophrologique : 54 exercices pratiques de sophrologie et d’équitation académique pour développer souffle, posture, mental et relation au cheval.
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